L’histoire de l’Homme et du cheval débute en Eurasie à une date très lointaine.
Tout le monde ignore quand, où et comment la première rencontre de l’homme et du cheval a eu lieu et nul ne le saura sans doute jamais. La seule certitude est qu’elle s’est produite lors d’une chasse quelque part en Eurasie à une date très lointaine, il y a un million d’années peut-être ou plus.
- Les chevaux de l’antiquité
Nombreux sont les témoignages qui ont traversé l’histoire sur l’intérêt que les anciens portaient au cheval. Certes, la légende occupe une large place dans ces récits, mais à côté du mythique ou de l’incertain, il y a le reflet de la réalité d’alors … Le rôle de la cavalerie dans l’armée, le goût de l’équitation et des exercices équestres.
- La révolution du cheval
Après la dernière glaciation, le climat se modifie, se réchauffe, la steppe fait place à la forêt, les espèces sylvestres se développent.
Les derniers grands troupeaux de chevaux sauvages migrent progressivement dans l’est, vers les espaces ouverts de la Russie méridionale et de l’Asie centrale.
Le cheval disparaît ainsi de l’Europe moyenne et Méditerranéenne, il n’y réapparaîtra quelques millénaires plus tard qu’avec les envahisseurs Indo-Européens.
- La révolution néolithique
Au Proche Orient, dans les collines de la Palestine, d’Anatolie, d’Iraq et d’Iran, la révolution néolithique s’amorce dès le 9ème millénaire AV-JC. Des sociétés de chasseurs-cueilleurs se sédentarisent et se transforment en sociétés d’agriculteurs-éleveurs.
Les sources de nourriture se diversifient, une économie de production commence à jouer un rôle prépondérant au 8ème millénaire AV-JC, autour des villages des civilisations agricoles apparaissent. Une nouvelle voie s’ouvre pour l’humanité, celle-ci va mener assez rapidement à la civilisation urbaine.
Les premiers animaux que l’Homme domestique sont les herbivores grégaires et dociles (moutons, chèvres et bien plus tard les bovins). Aucune trace de chevaux à cette époque. Concernant les équidés, seuls les ânes (onagres) seront domestiqués, mais tardivement. Avant tout destinés à la consommation, puis pour le bœuf et l’âne au transport et à la traction, ils représentent un atout majeur.
- Le dernier mammifère domestiqué
Sur le plan chronologique, le sort du cheval se décida en fonction de l’évolution civilisationnelle, l’humain a pu domestiquer ce dernier de manière progressive.
On suppose que les nomades capturèrent en premier des juments et des poulains, moins difficile à prendre que les étalons. Il leur fallût en suite les apprivoiser, les accoutumer à la présence humaine, à la voix, aux gestes et au licou. Il leur fallût apprendre à les garder en captivité, à les nourrir, à les abriter du froid, enfin à les sélectionner, à séparer les étalons voués à la reproduction et à castrer les autres. Afin d’obtenir des bêtes aussi paisibles que maniables.
- L’art équestre au cours des siècles
Lorsque les hommes surent apprivoiser le cheval et surtout le monter, de nouveaux horizons s’ouvrirent à eux. Le cheval leur donnait non seulement une grande liberté de mouvement, mais également un avantage psychologique énorme sur ceux qui se déplaçaient à pied. Les peuples ne connaissant pas le cheval furent certainement très impressionnés par le premier cavalier qu’ils virent.
Il est certain que pendant très longtemps, le cheval fût le partenaire de l’homme plutôt que son serviteur.
En temps de guerre, la capture de bons chevaux était aussi importante que celle des prisonniers. Grace aux échanges qui se firent au cours des guerres, différentes races de chevaux commencèrent à se développer.
- L’apogée de l’art équestre du temps d’Alexandre le Grand
Bucéphale, le cheval indomptable d’Alexandre le Grand, fût un cadeau reçu de son père lorsqu’il eut douze ans, qu’il baptisa Bucéphale, ce qui signifiait « la tête du taureau ». Il était si fougueux que personne n’avait jamais réussi à le monter.
Alexandre qui était reconnu cavalier émérite, ayant pris part à plusieurs batailles, a su comment le cajoler, le dompter et l’apprivoiser, pour finir par se mettre à genoux pour aider son maître à le monter.
Pendant presque vingt ans, Alexandre et Bucéphale combattirent ensemble pour devenir en l’an 333 AV-JC le couple légendaire, qui étendit les frontières de l’empire Grecque de l’Egypte jusqu’en Inde.
Toutes les belles histoires ont une fin, celle d’Alexandre et de son inséparable Bucéphale aussi, pendant la guerre qui opposa Alexandre et Pôros, Roi Indien du Penjab, lors de la bataille du Hydaspe en l’an 326 AV-JC. Bien que mortellement blessé, le vaillant Bucéphale ne permit pas à Alexandre de monter un autre cheval, et réunissant ses ultimes forces, menât son auguste maître à la victoire. La bataille gagnée, couvert de sang et de sueur, il s’allongea enfin pour succomber à ses blessures.
Alexandre fonda en son hommage et sur son tombeau la ville de Bucéphalie, dans l’actuel Pakistan
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- L’histoire du peuple arabo-musulman avec le cheval et l’art équestre (Al Fouroussia)
A travers l’histoire du monde arabo-musulman, les arabes se sont toujours considérés comme étant les meilleurs cavaliers, et cela depuis les temps du prophète Ismaël.
Premier fils du prophète Abraham, l’ancêtre de tous les musulmans, Ismaël fut le premier homme qui monta à cheval, d’après les enseignements de la tradition musulmane. Avant lui, selon cette tradition, le cheval vivait à l’état sauvage dans la péninsule arabe, c’est lui qui l’apprivoisa sur l’ordre du seigneur lorsqu’il vint à la Mecque avec son père, poser les fondements du sanctuaire.
Pour les héritiers de la civilisation romano-chrétienne, les arabes ont toujours été considérés comme chameliers (leurs chameaux étaient chargés de gommes de baumes et de laudanum ...). Nombreux son les historiens occidentaux qui nient la présence du cavalier dans la civilisation arabe avant notre ère. L’historien américain P.K. Hitti écrit dans History of the Arabs : « en Syrie le cheval fut introduit après le commencement de notre ère en Arabie où il trouva les meilleures conditions pour conserver la pureté de son sang et être préservé de tout mélange ».
C’est alors que les arabes de chameliers devinrent cavaliers. Et ce ne sera qu’au 5ème siècle de notre ère qu’ils apparaitront comme tel dans l’histoire en tant qu’auxiliaires au service de l’Empire Romain. Ce furent les Thamoudites, des généalogistes arabes, comme inscrit dans l’Essai d’Histoire des Arabes. C’est ainsi, par ces débuts modestes, qu’entrèrent dans l’histoire ces fameux cavaliers arabes.
L’évolution de la société bédouine aux temps du Panganisme et l’endoctrinement de cette société par le prophète Mohammed (sws) lui a donné assurance et des moyens militaires pour la répandre à travers le monde.
On dit que la société bédouine ante-islamique a représenté la meilleure adaptation de la vie humaine aux conditions du désert. Pasteur de moutons, éleveur de chameaux ; depuis peu et à un degré moindre éleveur de chevaux, les occupations principales du nomade bédouin étaient en outre, et par nécessité, la chasse et la razzia. Dans cette société, le cheval de race, réservé pour les courses, les chasses, les raids et sélectionné dans ce but, prit une place sublimée par le fond poétique de ce peuple.
De cela témoignent les Poèmes Suspendus ou « Moallakat » qui racontent les prouesses d’Antara et de son cheval Abdjar, ainsi que celles de ses pairs : « extrait poème »
هلا سألت الخيل يا ابنة مالك إن كنت جاهلة بما لم تعلمِ
يخبرك من شهد الوقيعة أنني |
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أغشى الوغى وأعف عند المغنمِ |
وَقَدْ أغْتَدِي والطَّيْرُ فِي وُكُنَاتِهَا
بِمُنْجَرِدٍ قَيْدِ الأَوَابِدِ هَيْكَلِ
مِكَرٍّ مِفَرٍّ مُقْبِلٍ مُدْبِرٍ مَعاً
كَجُلْمُوْدِ صَخْرٍ حَطَّهُ السَّيْلُ مِنْ عَلِ
De très beaux vers poétiques écrits par les illuminés de la culture arabe du temps d’« Al Moallakat ».
- Mohammed Ibn Abdellah Ibn Abd el Mottalib, prophète, législateur et chef de guerre
C’est à Mohammed (sws) que revient la gloire d’avoir fait du petit peuple arabe un des peuples conquérants cavaliers les plus étonnants de l’histoire de l’humanité. Génie militaire, il eut l’intuition que pour exploiter les qualités de ses compatriotes : résistance, frugalité, n’aimant que les actions rapides dans l’exaltation de l’aventure et de l’appât du butin, il lui fallait élever le raid au rang de tactique militaire et le concevoir aux dimensions de son but : la conquête du monde des infidèles. Pour ce faire, il institua le partage du butin, privilégiant le cavalier en lui accordant outre sa part comme au fantassin, deux parts pour son cheval. Il insuffla à ses capitaines transportés par la foi l’esprit le plus offensif. Génie politique, il établit, en législateur avisé, un véritable code qui faisait converger toutes les potentialités de son peuple vers la guerre qu’il sacralisa : le Jihad.
Poursuivant son œuvre clairement définie, ses successeurs entreprirent des expéditions lointaines pour convertir les païens du reste de l’univers. En 651, les Arabes sont maitres de la Perse. En 681, Oqba Ibnou Nafii fait un raid fantastique jusqu’à la côte atlantique du Souss (sud du Maghreb). En 711, l’émir Tarik débarque dans la péninsule Ibérique. En 751, les cavaliers arabes atteignent Khorassan, là ils rencontrèrent des peuples possédant des traditions cavalières de longue date et une équitation plus évoluée que la leur. Ils adoptèrent les techniques hippiques plus élaborées de ces peuples (fer, selle, étriers, mors de bride…). Durant plus de quatre siècles, la nation musulmane dominera le vieux monde. Leurs techniques hippiques se répandant de l’orient vert l’occident.
- La prospérité de l’équitation Arabe classique
Dès la fin du 7ème siècle, l’empire musulman échappe au contrôle des arabes, qui se retirent dans leur péninsule où ils perpétueront leur équitation simple et sportive et où ils sélectionneront le cheval Kohelan.
Le centre de gravité de l’empire se déplace tour à tour à Damas, Bagdad, Cordoue puis le Caire, sans parler de Fez, Kairouan et Istanbul.
Au contact des peuples à tradition cavalière intégrés dans cet empire, l’équitation arabe évolua. Son expression la plus précise et la plus belle a été transmise par deux ouvrages fondamentaux du 14ème siècle le « Naciri » écrit au Mashrek (Orient) et « La parure des cavaliers et l’insigne des preux » écrit au Maghreb.
- La Tbourida : Pratique populaire marocaine ancestrale
La Tbourida ou Fantasia, appelée aussi « Jeu de poudre », est un art équestre populaire traditionnel marocain datant du 15ème siècle. C’est un art qui s’est répandu principalement dans le moyen Atlas, depuis l’arrivée de Moulay Idriss Premier à Fez et après la conquête musulmane du Maghreb.
Cette activité artistique est inspirée de l’histoire des cavaliers guerriers arabes et berbères du Maroc, autrefois connus pour la férocité de leur héroïsme. Au fil des siècles, la Tbourida a pu conserver et ancrer une dimension spirituelle et religieuse au sein de la société marocaine. Particulièrement du fait qu’elle entremêle cheval et équitation à un aspect explosif, divertissant et surtout impressionnant. Cette culture n’ébahit pas exclusivement le public marocain, mais elle a fait ses preuves au niveau intercontinental.
La Tbourida est pratiquée dans toutes les régions du Maroc pour célébrer les festivités locales : Moussems nationaux et religieux, fêtes agricoles et de nombreuses célébrations nationales et familiales marocaines.