Je vis là où
La vie et la mort
Accostent du même bord.
Je vis là où
L’espoir et la déchéance
Se battent en permanence.
Je vis là où
Se renient les frères
Et se livrent la guerre.
Je vis là où
La misère s’épanouit
Et les riches s’ennuient.
Je vis là où
Chacun est chagriné
De ce qu’il a abandonné.
Je vis là où
Ressentiments et colères
S’accompagnent comme frères.
Je vis là où
L’honneur est dissipé
Et tous d’argent préoccupés.
Je vis là où
Le préau a perdu le toit ;
Les clôtures arrachées par endroits.
Je vis là où
Le peuple attend les fruits
Dont la saison a déjà fuit.
Je vis là où
La banane gueule sans se taire
Et d’elle se moque la pomme de terre !
Je vis là où
Le tamis ne laisse rien passer
Et les bras sont tous cassés.
Je vis là où
Tout le monde se ressemble
Comme un troupeau qu’on assemble.
Je vis là où
Nous sommes emportés par le torrent ;
Personne n’est là pour nous sauver.
Nous nous débâtons dans son courant
Mais qui viendra nous le prouver ?
Le 09-06-2005
20-LA DISETTE EN MARCHE
Chez nous la richesse prospère
Mais nous vivons dans la misère !
La vague de la faim nous emporte.
Les grandes pluies ont cessé
Comment le grain pourra-t-il pousser ?
La disette frappe à nos portes.
Comment nous entendre raison,
Nous, peuple au ventre creux ?
Dans les comptes que nous faisons,
Le résultat est désastreux.
Crise et terreur en toute saison
La peur hante les malheureux.
De tes ennuis et tes peurs,
A quoi donner priorité ?
Ils sèment tous le malheur ;
Se tiennent par réciprocité.
Leurs filets emprisonnent ton cœur,
L’issue n’est pas à la portée.
Si parmi eux, l’un t’aide,
L’autre causera ton péril.
Si le courage pour toi cède,
Le destin te sera fertile.
Gare au mal sans remède
Qui se jouera de toi, homme vil !
Le pain nous manque souvent ;
Et nous avons toujours faim !
Chez les autres nous le voyons.
D’espérance nous sommes pleins.
Et de sagesse, nous débordons
Même si notre âme souvent se plaint
21-IL M’ECHAPPA UNE PAROLE…
Il m’échappa une parole
Qui m’a semblé sans portée.
Elle charia dans sa chute
Des problèmes et des disputes
Et pour la discorde, elle lutte !
Il m’échappa une parole
Comme le fil qu’on dévide.
Et dans son élan rapide,
Elle s’en va et me devance.
En des moments, elle avance.
En d’autres, recule et renonce.
Il m’échappa une parole
Sans l’avoir bien pensée.
C’est quand le moment est passé
Que j’ai senti sa gravité.
J’en fus déçu et agité
En perdant ma sérénité.
Il m’échappa une parole
Sans que je fasse attention.
Elle apporta la solution
Sans que je le sache moi-même !
Partout, de l’effet qu’elle sème
Elle résout tous les problèmes.
Ses sens changent par alternance,
Diffèrent par ce qu’elle annonce ;
Cela dépend de l’endroit.
Pour savoir ce qu’elle te réserve,
Ecoute-la bien et observe
Et attend ce qu’elle t’envoie.
Le 24-05-2008
22-J’AI CRU…
De silex, j’ai cru mon cœur
Que même une masse ne peut casser.
Même si je lui tiens rancœur
Et que je le tracassais.
Son aspect dur n’est qu’un leurre ;
Il s’effrite s’il est oppressé.
Au silo, je comparais mon cœur ;
Il renferme ce que j’y mets
Ramenant d’ici et d’ailleurs
A des épreuves, je le soumets.
J’ai cru tant en sa largeur ;
Il est si étroit qu’il se fermait !
J’ai cru que mon cœur est un mont ;
D’épreuves, je l’ai exaspéré.
Que pendant tous les mois de l’an,
Par la neige, il est paré,
Et qu’il ne souffre aucunement
Du froid qui l’entourait.
A une outre, je l’ai comparé ;
Rien que de l’air le remplissant.
Qu’il ne lui manque, en réalité
Qu’un instrument à vent.
J’attendais le voir chanter ;
Il s’exprima autrement.
Je l’ai comparé à tant de choses
Avant de bien le connaître.
Des péchés dont il n’est pas la cause,
Je l’ai accusé de les commettre.
Je ne me rends compte que maintenant ;
C’est la vérité que je vois.
De beaucoup de peines, en le chargeant,
Mes épaules en subissent le poids.
Mais mon cœur est ordinaire ;
Il est même très sensible.
Qu’elles soient fades ou amères,
Les peines l’ont prient pour cible.
Il a une patience de fer
En supportant l’impossible.
Si un jour, il libère sa rage,
Il dira : assez! Avec fureur.
La mer sera prise d’un orage
Qui remuera ses profondeurs.
Un vent violent, dans son passage
Soufflera les toits des demeures.
Tous ceux qui gardaient le silence
Viendront le suivre dans ses pas.
Ils crieront leurs souffrances,
Leurs douleurs et leurs combats.
Disant au gens en leur présence :
Assez, n’y ajoutez pas !
Le 01-06-2008
23-LA POESIE
La poésie est une douce main
Pour ceux qui veulent la tendresse.
Tu la trouveras dans le besoin
Pleine de force et d’adresse.
C’est aussi une arme de point
Pour ceux qui méritent qu’on les blesse.
La poésie est un sarment
Qui est plein d’aspérités.
Elle aide au redressement
De ceux qui sont écartés.
Ils reconnaissent proches et parents
Qui faisaient leur unité.
La poésie est une école
Par le savoir qu’elle dispense.
Nous savons ce qu’elle enrôle ;
Nous transmettons ses connaissances.
Le bâton a toujours un rôle
Selon les circonstances.
La poésie est un miroir
Où on peut voir son visage.
Si on est loin de l’histoire
On y trouvera sa propre image.
Et on approche sans savoir
Ce qu’elle donne comme apprentissage.
La poésie est un berceau
Où nous avons tant enchanté
Des gens par un bonheur nouveau
Après qu’ils furent tant irrités.
Par les vieux et les jeunes cerveaux,
A présent, elle est usitée
Le 09-11-2003
24-LE VENT
J’écoutais le vent souffler ;
Il voulait raser les chaumières.
Des arbres, il en ébranlait ;
Il déplaçait même les pierres.
L’homme qui ne sait se rappeler,
Sa punition sera sévère.
J’écoutais le bruit du vent ;
J’ai cru qu’il jouait au hautbois.
Tant de mélodies viennent de son chant
Chaque fois qu’on entend sa voix.
Après la terreur, le bercement.
Malheur quand il perd la voie.
J’écoutais le vent chanter
Sans comprendre son langage.
Des histoires qu’il racontait,
Les mots m’échappaient au passage.
Quand sa mélodie vient monter,
Elle nous envoie un message.
Ceux que la vie a formés,
De son message doivent savoir
De quoi vient-il les informer
Et ce qu’il vient prévoir.
Reconnais-le désormais,
Pour nous tous, c’est un savoir.
Le vent souffle pour éteindre
La bougie que nous allumons.
Il vient nous contraindre
A travailler difficilement.
Il aide l’incendie à rejoindre
L’autre rive en nous enfumons.
Malgré le mal qu’il cause
Sa présence est bien utile.
Et bénéfique en certaines choses
L’homme y trouve un savoir fertile.
De ses bienfaits on dispose
Pour nous servir, il est docile.
Le 28-07-2006
25-L’HOMME EST UN BALLON.
L’homme est un ballon qu’on jette
Et les joueurs sont ses peines.
De tout côté elles le projettent
Le font courir et le malmènent.
Pour leurs buts elles s’inquiètent
Et sans cesse, elles l’entraînent.
Présent sur tous les terrains
Aux différents jeux, il se prête.
Ailleurs ou ici, joue de ces mains
De ses pieds ou de sa tête.
Son esprit n’est jamais serein
La partance toujours le guette.
Harassé de coups, de chutes
De dégringolades et morsures.
Sur tous les obstacles, il bute
Et ne voit rien qui le rassure.
Le souffle court, dans ses luttes
Il récolte les égratignures.
Tant qu’il peut tenir debout
De ses forces on cueille les fruits.
Nous l’userons jusqu’au bout
Jusqu'à la fin de sa vie.
Il sera remplacé à coup
Par un homme meilleur que lui.
Le13-12-2003
26-TES YEUX ME CHERCHENT
Que n’ai-je pas vu ?
De quoi ne me suis-je souvenu ?
Que n’ai-je pas enduré ?
Que n’ai-je pas entendu ?
Que n’ai-je pas vécu ?
Que n’ai-je pas rencontré ?
Chez les pauvres et les nantis
J’ai connu abandon et aide.
Je fus aimé et haï
Des belles personnes et des laides.
De ceux qui vivent de mon labeur
Je suis devenu serviteur.
De leurs secrets et de leurs tares
Aucune chose ne m’est cachée.
Rien n’échappe à mon regard
Aux échos j’ai l’oreille penchée.
De tous les biens, ils s’accaparent ;
Je n’ai rien pu leur arracher.
Des rayons que je reflète
J’éblouirais qui je veux.
Que ce soit l’homme au cœur honnête
Ou celui qui n’est qu’envieux.
A la vision qui se projette
Est contraint de fermer les yeux.
Je suis aussi bon que mauvais
Du bien, du mal je suis capable.
Du côté où tu me mets
Mon dessein est réalisable.
Nous devons nous entraider
Car l’union est indispensable.
Ce que tu entends sont mes dires,
Je ne sais si tu me perçois.
Tant de mains ont dû me tenir
Tu me trouves en tant d’endroits.
Tes yeux cherchent à me saisir
Je suis miroir, par moi ils te voient
Le 06-01-2007
Nb/ ces 26 poèmes en français
Et je les ai aussi en langue kabyle, anglaise et en arabe et certain en slam en langue Kabyle