JE VIS LA OU…

2020-05-22

Je vis là où

La vie et la mort

Accostent du même bord.

 

Je vis là où

L’espoir et la déchéance

Se battent en permanence.

 

Je vis là où

Se renient les frères

Et se livrent la guerre.

 

Je vis là où

La misère s’épanouit

Et les riches s’ennuient.

 

Je vis là où

Chacun est chagriné

De ce qu’il a abandonné.

 

Je vis là où

Ressentiments et colères

S’accompagnent comme frères.

 

Je vis là où

L’honneur est dissipé

Et tous d’argent préoccupés.

 

Je vis là où

Le préau a perdu le toit ;

Les clôtures arrachées par endroits.

 

Je vis là où

Le peuple attend les fruits

Dont la saison a déjà fuit.

 

Je vis là où

La banane gueule sans se taire

Et d’elle se moque la pomme de terre !

 

Je vis là où

Le tamis ne laisse rien passer

Et les bras sont tous cassés.

 

Je vis là où

Tout le monde se ressemble

Comme un troupeau qu’on assemble.

 

Je vis là où

Nous sommes emportés par le torrent ;

Personne n’est là pour nous sauver.

Nous nous débâtons dans son courant

Mais qui viendra nous le prouver ?

 

Le 09-06-2005

 

 

20-LA DISETTE EN MARCHE

 

Chez nous la richesse prospère

Mais nous vivons dans la misère !

La vague de la faim nous emporte.

Les grandes pluies ont cessé

Comment le grain pourra-t-il pousser ?

La disette frappe à nos portes.

 

Comment nous entendre raison,

Nous, peuple au ventre creux ?

Dans les comptes que nous faisons,

Le résultat est désastreux.

Crise et terreur en toute saison

La peur hante les malheureux.

 

De tes ennuis et tes peurs,

A quoi donner priorité ?

Ils sèment tous le malheur ;

Se tiennent par réciprocité.

Leurs filets emprisonnent ton cœur,

L’issue n’est pas à la portée.

 

Si parmi eux, l’un t’aide,

L’autre causera ton péril.

Si le courage pour toi cède,

Le destin te sera fertile.

Gare au mal sans remède

Qui se jouera de toi, homme vil !

 

Le pain nous manque souvent ;

Et nous avons toujours faim !

Chez les autres nous le voyons.

D’espérance nous sommes pleins.

Et de sagesse, nous débordons

Même si notre âme souvent se plaint

 

 

 

21-IL M’ECHAPPA UNE PAROLE…

 

Il m’échappa une parole

Qui m’a semblé sans portée.

Elle charia dans sa chute

Des problèmes et des disputes

Et pour la discorde, elle lutte !

 

Il m’échappa une parole

Comme le fil qu’on dévide.

Et dans son élan rapide,

Elle s’en va et me devance.

En des moments, elle avance.

En d’autres, recule et renonce.

 

Il m’échappa une parole

Sans l’avoir bien pensée.

C’est quand le moment est passé

Que j’ai senti sa gravité.

J’en fus déçu et agité

En perdant ma sérénité.

 

Il m’échappa une parole

Sans que je fasse attention.

Elle apporta la solution

Sans que je le sache moi-même !

Partout, de l’effet qu’elle sème

Elle résout tous les problèmes.

 

Ses sens changent par alternance,

Diffèrent par ce qu’elle annonce ;

Cela dépend de l’endroit.

Pour savoir ce qu’elle te réserve,

Ecoute-la bien et observe

Et attend ce qu’elle t’envoie.

 

Le 24-05-2008

 

22-J’AI CRU…

 

De silex, j’ai cru mon cœur

Que même une masse ne peut casser.

Même si je lui tiens rancœur

Et que je le tracassais.

Son aspect dur n’est qu’un leurre ;

Il s’effrite s’il est oppressé.

 

Au silo, je comparais mon cœur ;

Il renferme ce que j’y mets

Ramenant d’ici et d’ailleurs

A des épreuves, je le soumets.

J’ai cru tant en sa largeur ;

Il est si étroit qu’il se fermait !

 

J’ai cru que mon cœur est un mont ;

D’épreuves, je l’ai exaspéré.

Que pendant tous les mois de l’an,

Par la neige, il est paré,

Et qu’il ne souffre aucunement

Du froid qui l’entourait.

 

A une outre, je l’ai comparé ;

Rien que de l’air le remplissant.

Qu’il ne lui manque, en réalité

Qu’un instrument à vent.

J’attendais le voir chanter ;

Il s’exprima autrement.

 

Je l’ai comparé à tant de choses

Avant de bien le connaître.

Des péchés dont il n’est pas la cause,

Je l’ai accusé de les commettre.

Je ne me rends compte que maintenant ;

C’est la vérité que je vois.

De beaucoup de peines, en le chargeant,

Mes épaules en subissent le poids.

 

Mais mon cœur est ordinaire ;

Il est même très sensible.

Qu’elles soient fades ou amères,

Les peines l’ont prient pour cible.

Il a une patience de fer

En supportant l’impossible.

 

Si un jour, il libère sa rage,

Il dira : assez! Avec fureur.

La mer sera prise d’un orage

Qui remuera ses profondeurs.

Un vent violent, dans son passage

Soufflera les toits des demeures.

 

Tous ceux qui gardaient le silence

Viendront le suivre dans ses pas.

Ils crieront leurs souffrances,

Leurs douleurs et leurs combats.

Disant au gens en leur présence :

Assez, n’y ajoutez pas !

 

Le 01-06-2008

 

 

23-LA POESIE

 

La poésie est une douce main

Pour ceux qui veulent la tendresse.

Tu la trouveras dans le besoin

Pleine de force et d’adresse.

C’est aussi une arme de point

Pour ceux qui méritent qu’on les blesse.

 

La poésie est un sarment

Qui est plein d’aspérités.

Elle aide au redressement

De ceux qui sont écartés.

Ils reconnaissent proches et parents

Qui faisaient leur unité.

 

La poésie est une école

Par le savoir qu’elle dispense.

Nous savons ce qu’elle enrôle ;

Nous transmettons ses connaissances.

Le bâton a toujours un rôle

Selon les circonstances.

 

La poésie est un miroir

Où on peut voir son visage.

Si on est loin de l’histoire

On y trouvera sa propre image.

Et on approche sans savoir

Ce qu’elle donne comme apprentissage.

 

La poésie est un berceau

Où nous avons tant enchanté

Des gens par un bonheur nouveau

Après qu’ils furent tant irrités.

Par les vieux et les jeunes cerveaux,

A présent, elle est usitée

 

Le 09-11-2003

 

24-LE VENT

 

J’écoutais le vent souffler ;

Il voulait raser les chaumières.

Des arbres, il en ébranlait ;

Il déplaçait même les pierres.

L’homme qui ne sait se rappeler,

Sa punition sera sévère.

 

J’écoutais le bruit du vent ;

J’ai cru qu’il jouait au hautbois.

Tant de mélodies viennent de son chant

Chaque fois qu’on entend sa voix.

Après la terreur, le bercement.

Malheur quand il perd la voie.

 

J’écoutais le vent chanter

Sans comprendre son langage.

Des histoires qu’il racontait,

Les mots m’échappaient au passage.

Quand sa mélodie vient monter,

Elle nous envoie un message.

 

Ceux que la vie a formés,

De son message doivent savoir

De quoi vient-il les informer

Et ce qu’il vient prévoir.

Reconnais-le désormais,

Pour nous tous, c’est un savoir.

 

Le vent souffle pour éteindre

La bougie que nous allumons.

Il vient nous contraindre

A travailler difficilement.

Il aide l’incendie à rejoindre

L’autre rive en nous enfumons.

 

Malgré le mal qu’il cause

Sa présence est bien utile.

Et bénéfique en certaines choses

L’homme y trouve un savoir fertile.

De ses bienfaits on dispose

Pour nous servir, il est docile.

 

Le 28-07-2006

 

 

 

 

25-L’HOMME EST UN BALLON.

 

L’homme est un ballon qu’on jette

Et les joueurs sont ses peines.

De tout côté elles le projettent

Le font courir et le malmènent.

Pour leurs buts elles s’inquiètent

Et sans cesse, elles l’entraînent.

 

Présent sur tous les terrains

Aux différents jeux, il se prête.

Ailleurs ou ici, joue de ces mains

De ses pieds ou de sa tête.

Son esprit n’est jamais serein

La partance toujours le guette.

 

Harassé de coups, de chutes

De dégringolades et morsures.

Sur tous les obstacles, il bute

Et ne voit rien qui le rassure.

Le souffle court, dans ses luttes

Il récolte les égratignures.

 

Tant qu’il peut tenir debout

De ses forces on cueille les fruits.

Nous l’userons jusqu’au bout

Jusqu'à la fin de sa vie.

Il sera remplacé à coup

Par un homme meilleur que lui.

 

Le13-12-2003

 

 

 

26-TES YEUX ME CHERCHENT

 

Que n’ai-je pas vu ?

De quoi ne me suis-je souvenu ?

Que n’ai-je pas enduré ?

Que n’ai-je pas entendu ?

Que n’ai-je pas vécu ?

Que n’ai-je pas rencontré ?

 

Chez les pauvres et les nantis

J’ai connu abandon et aide.

Je fus aimé et haï

Des belles personnes et des laides.

De ceux qui vivent de mon labeur

Je suis devenu serviteur.

 

De leurs secrets et de leurs tares

Aucune chose ne m’est cachée.

Rien n’échappe à mon regard

Aux échos j’ai l’oreille penchée.

De tous les biens, ils s’accaparent ;

Je n’ai rien pu leur arracher.

 

Des rayons que je reflète

J’éblouirais qui je veux.

Que ce soit l’homme au cœur honnête

Ou celui qui n’est qu’envieux.

A la vision qui se projette

Est contraint de fermer les yeux.

 

Je suis aussi bon que mauvais

Du bien, du mal je suis capable.

Du côté où tu me mets

Mon dessein est réalisable.

Nous devons nous entraider

Car l’union est indispensable.

 

Ce que tu entends sont mes dires,

Je ne sais si tu me perçois.

Tant de mains ont dû me tenir

Tu me trouves en tant d’endroits.

Tes yeux cherchent à me saisir

Je suis miroir, par moi ils te voient

 

 

Le 06-01-2007

 

Nb/ ces 26 poèmes en français

Et je les ai aussi en langue kabyle, anglaise et en arabe et certain en slam en langue Kabyle

Ahcène Mariche

 Ahcène Mariche est né le 21 février 1967 à Tala Toulmouts dans la commune de Tizi Rached à l’Est de la ville de Tizi Ouzou en grande Kabylie Algérie. Issu d’une famille modeste et jalouse de sa culture. Baignant dans un climat où la culture règne en maître, l’hérédité aidant car son grand-père maternel Ali n SAID était poète troubadour. Les gènes de poésie ont surgit en l’âme de AHCENE avec les compositions qu’il a signées en étant lycéen en classe de 2ème AS à Larbaa Nath Irathen. Les années 80 avec leur lot de revendications et le marasme qui y régnait a été un autre ingrédient pour la bonne cuisine de notre Ahcène. Dans sa poésie il multiplie les saveurs, les regards les analyses et se permet même de nouvelles approches et d’autres angles d’approche dans ses visions poétiques. Très calme de nature et attentif il prend toujours le soin de bien observer, mâcher ses mots…Très à l’écoute de sa société, très critique dans son regard, imaginatif à l extrême il pousse loin ses idées et nous convie à chaque fois à faire avec lui des voyages inédits voire des odyssées. Il est professeur de physique, cameraman et photographe, il mêle et entremêle la science à la littérature, l’image et le son, les rêves et la réalité qu’il traduit en juste mot pour dire et écrire…

 http://ahcenemarichelepoete.centerblog.net/

 

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