01-L’énigme
Combien de gens ai-je habillés ?
A combien d’autres j’ai rapiécé ?
Parmi les pauvres et les nantis.
Combien d’épines ai-je enlevées ?
Combien de furoncles ai-je percés ?
A ceux qui traînent des maladies.
Combien de boucles d’oreilles portées grâce à moi
A combien suis-je utile, c’est ainsi qu’on me voit,
Dans la vie de tous, je suis incontestable.
Oh ! Combien de mariées ai-je parées de surcroît,
Ainsi que leurs conjoints que j’ai embellis à leurs choix
Pour paraître devant les gens agréables
Combien de gens ai-je protégés,
Combien en ai-je couvert de près,
D’un habit sur mesure ?
De combien je m’en suis occupé,
Leur assurant des biens en quantité
Mais ils sont ingrats de nature.
J’ai pris conscience une fois trop tard,
Des services que j’ai rendus au départ,
Devenant semblable au laboureur des eaux.
Que voulez vous ? Je connais l’homme et son hasard,
Autrement, je n’ai aucun profit à part,
Mais j’ai fait ça parce qu’il le faut.
Si tous mes dires vous paraissent étranges,
Ce ne sont que des maximes que j’arrange
Et que j’ai pris du riche terroir.
Toutes ces paroles que je mélange,
Pour parler de moi et de l’aiguille en échange
Qui est restée nue, allez-y voir.
02- Le besoin m’a invent
Ayant une place réservée
Dans la vie de l’être humain.
De tous visages, il m’a doté,
Avec des formes variées,
L’histoire étant témoin.
Je m’occupe de toutes activités,
Je rends la tache aisée
Pour celui qui m’a découvert.
Oh ! Combien de choses ai-je coupées,
Légumes, maint bois taillés
Et quartiers de viande divers !
Au travail, je me perfectionne,
Etant fier de ma personne,
Ma valeur ne cesse d’augmenter.
A peine sorti de cuisine que j’abandonne,
D’un fourreau, on me couronne,
Chose qui me procure la beauté.
On m’accroche au muret,
Me réservant des coins préférés,
Parce que l’on me vénère.
On me saisit avec fierté
Dans la vie royale ou celle des aisés,
Celle d’ailleurs que je préfère.
Cependant, oh ! Quelle fatalité
D’être utilisé par un forcené
Pour commettre un carnage !
A cause de moi, on a balafré,
Beaucoup sont assassinés
Jusqu’à me qualifier de mauvais présage !
En une minute, tout s’en va,
Je m’écroule au plus bas,
Ayant honte de moi-même.
Devenu otage de l’homme de loi
Qui condamne ce malfrat,
Alors, je revois tous mes problèmes.
Ma mer, à présent, est déchaînée,
Me rappelant tout le passé
Et de toutes les voies déjà prises.
La flamme m’a défiguré,
Le marteau a pris le relais
Avec la pierre, on m’aiguise.
A tout feu, j’ai résisté,
Je n’entends que le soufflet
Qui malmène mon état.
A toute surface rude, on m’a aiguisé
A la ponceuse ou au rocher
Pour avoir un tranchant adéquat.
Voilà donc ce que j’ai enduré
Avant de vous rencontrer,
N’est-ce pas un vrai tourment ?
Chez certains, j’ai fait preuve de bonté,
Chez d’autres, j’ai causé des méfaits,
Le savez-vous ? Je suis le tranchant !!